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L’agriculture durable, solution au chômage ?

Née il y a 10 000 en Mésopotamie, une région située dans l’actuelle Irak, l’agriculture fait aujourd’hui vivre plus d’1 milliard de personnes et fournit la nourriture indispensable aux hommes. Le secteur primaire a beaucoup évolué dans les pays occidentaux au cours des 19ème et du 20ème siècles et représente aujourd’hui moins de 10% de la population active. Avec le bilan actuel de l’agriculture moderne, on est en droit de se poser des questions sur le bien-fondé de la stratégie adoptée durant les dernières décennies. Une stratégie qui consiste notamment à faire pression sur les prix en ouvrant les échanges de denrées alimentaires à la concurrence internationale, en poussant à l’agrandissement des exploitations et à l’utilisation intensive de machines et d’intrants chimiques.

 

Agriculture et économie

 

Je m’intéresse de près à l’agriculture depuis peu, en particulier à l’agriculture durable à travers des techniques comme l’agroécologie ou la permaculture. Outre les bénéfices en matière environnementale ou sur la santé avec une nourriture de meilleure qualité, le secteur primaire pourrait revenir sur le devant de la scène grâce aux solutions qu’il apporte sur la question de l’emploi.

Cet article du Monde nous informe sur l’état de l’agriculture française. Pour une surface agricole restant stable sur 2000-2013, le nombre d’exploitations a tendance à diminuer tandis que la taille moyenne augmente. Pourquoi ? Car sur un marché mondialisé, seules les grandes exploitations peuvent rivaliser en terme de coûts avec la concurrence venue d’autres pays à bas coûts. Autre chiffre intéressant, le revenu des agriculteurs qui ne fait que baisser en raison des charges pesant sur l’exploitation mais aussi des prix fluctuants sur les marchés. A cela s’ajoute les aides de la PAC qui ont baissé sur la même période. On comprend mieux pourquoi les agriculteurs français manifestent régulièrement leur mécontentement. Le problème, c’est qu’il n’est jamais question de remettre en cause le modèle actuel, ni l’État, ni les agriculteurs et encore moins les grands médias ne mettent ce sujet en avant.

 

La solution des microfermes

 

Suite à l’étude de l’INRA sur la ferme du Bec Hellouin démontrant la possibilité de vivre avec une exploitation d’à peine 1000m2, on voit un nouveau modèle d’agriculture se dessiner. Et si les petites fermes se multipliaient à l’avenir, recréant de l’emploi et du tissu social dans les campagnes françaises ? C’est en tout cas ce que pense Charles Hervé-Gruyer de la ferme du Bec Hellouin : « des fermes se créent et des milliers d’autres sont en gestation », il y a selon lui dans les années à venir des « millions de personnes à former ». Cela veut dire des millions d’emplois supplémentaires dans l’agriculture grâce aux microfermes en permaculture, une aubaine à l’heure où l’Europe est soumise à rude épreuve (chômage, tensions populistes etc).

Le principe de la microferme est simple : on essaye d’obtenir un rendement maximum par m2 en disposant les semences très proches les unes des autres. Cette intensification permet de se dispenser de l’achat de machines coûteuses, ainsi on consomme moins de carburant fossile et on crée en plus des emplois. Le tissu économique régional pourrait se renforcer, amenant davantage de personnes à s’installer dans les milieux ruraux.

Selon moi, nous serons bientôt obligés d’ouvrir le débat sur ce potentiel inexploité de l’agriculture en France. Avec l’évolution fulgurante des nouvelles technologies de l’information et l’amélioration des systèmes d’intelligence artificielle, on sait déjà qu’un grand nombre d’emplois disparaîtront dans les décennies à venir. Et ce ne seront pas les métiers manuels les premiers menacés car reproduire la mécanique et les gestes du corps humain reste très complexe, plus que de créer un algorithme capable de traiter une quantité énorme d’information. Ce sont donc les métiers situés entre les moins qualifiés et les plus qualifiés qui seront menacés en premier par l’arrivée en masse de nouvelles technologies.
Dynamiser le secteur primaire et surtout l’agriculture me paraît donc être indispensable pour pallier à cette automatisation croissante du travail, afin de rééquilibrer notre société et tisser à nouveau ce lien avec la nature que nous avons perdu au fil des générations.

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